À 36 ans, l’entraîneur des gardiens de l’US Montagnarde Florent Chaigneau vit l’une de ses plus belles aventures footballistiques. L’ambiance au sein de l’équipe et du club, son disciple Mattéo Petitgenet et la confrontation face à l’Olympique de Saumur (N3) en 16èmes de finale de la Coupe de France, l’ancien portier des merlus nous livre toutes ses impressions du moment.
Florent, c’est assez fou ce que vous vivez depuis plusieurs semaines, non ?
C’est énorme. Nous sommes conscients que si l’on perd, c’est terminé. Et au vu des sourires et de la joie que l’on voit à l’entraînement la semaine ou le week-end, personne n’a envie que ça s’arrête. C’est notre 10ème tour samedi, je ne sais pas si on se rend bien compte. Ce n’est pas rien ! Pour moi, affronter Saumur était le meilleur tirage possible. Je peux comprendre que si tu perds ce week-end c’est dur et on se dira qu’il aurait mieux fallut recevoir un « gros ». Mais sportivement parlant, jouer une N3, c’est une vraie opportunité.
Comment appréhendes-tu le match de samedi ?
Saumur est une bonne équipe. Elle joue une division au-dessus. Ça va forcément être difficile. Ce que nous avons réalisé avant, on s’en fou. Il faut le refaire. Sans doute différemment, mais le refaire. Ça reste un huis clos, donc ce n’est pas du tout le même contexte que si ça avait été dans un stade plein, à l’extérieur. Ça va être un combat ! Il faudra être costaud défensivement et si tu ne prends pas de but, tu te donnes une chance. L’équipe défend ensemble depuis le départ, chacun amène son petit truc en plus. C’est ce qui fait aussi notre force. Il faut garder cela.
« Dans le foot, j’ai rarement versé de larmes »
Quoiqu’il arrive ça promet encore de grandes émotions, et celles vécues précédemment sont d’ores et déjà gravées…
Dans le foot, j’ai rarement versé de larmes, sans blaguer. J’ai vécu des émotions, j’ai eu la chance de gagner des titres. J’avais versé une larme ou deux déjà. Mais là… c’est différent. C’est un tout. Il y a un vrai groupe, une vraie solidarité, personne ne se tire dans les pattes, c’est fort. Faisons en sorte que ça continue.
Tu évoques cette force défensive. On ne peut pas ne pas mentionner Mattéo, qui réalise de grosses performances dans les buts depuis le début de saison. Tu es en plus l’entraineur des gardiens. Il te surprend ?
Ce qu’il fait sur le terrain ne me surprend pas. Je n’avais aucun doute sur ses capacités et sur ses performances. Je connaissais ses qualités et je sais de quoi il est capable. En revanche, en dehors du rectangle, il est surprenant. Il a traversé une épreuve douloureuse dernièrement (la disparition de sa maman) mais il est là, fort et présent. Il reste de bonne humeur et performant.
Qu’est-ce qui fait sa force sur le terrain ? En quoi a-t-il évolué depuis son premier passage au club (2017-2018) ?
Il a un impact sur le groupe déjà. Ensuite, Mattéo est un gardien moderne, complet. Il est bon dans le jeu aérien, il est très à l’aise au pied, performant sur sa ligne. Ses qualités vont se renforcer avec le temps mais pour ça il faut qu’il continue à travailler. Il est passé par une bonne structure à l’US Concarneau, où tu progresses forcément et il a gagné en maturité. Entre 21 et 24 ans on se sert différemment de ses atouts. Mattéo a son caractère aussi et c’est important. J’étais un peu comme ça à son âge, un peu grande gueule, enfin je le suis toujours ! Il a ce côté aboyeur qu’on a beaucoup vu contre le Stade Briochin, peut-être parfois trop et d’ailleurs je lui avais dit pendant le match de rester concentrer sur des choses essentielles. Et il l’a très bien fait. Au delà de tout ça, Mattéo, c’est surtout un bon mec !
« J’ai gardé mon âme de joueur »
Tu fais partie du staff depuis maintenant quelques saisons, mais on a le sentiment que tu es toujours un joueur à part entière. Tu le ressens comme ça ?
J’ai beau être maintenant sur le côté du terrain, j’ai gardé mon âme de joueur. Je mange avec les joueurs, je joue avec eux avant le démarrage des séances et je reste impliqué parce que j’aime ça. J’essaye aussi d’être un lien entre les joueurs et le staff puisque le but c’est d’être aussi à l’écoute et d’aider comme je peux. Si je faisais partie d’un groupe dans lequel je ne me plaisais pas, je ne serai pas le même. Je m’entends très bien avec tout le monde, que ça soit les jeunes ou les plus expérimentés.
On peut dire que as trouvé un nouvel équilibre après ta carrière. Et il semble bien te correspondre ?
J’ai terminé ma carrière en juin 2016. Je suis très content de tout ce que j’ai vécu dans le football professionnel, c’était mon métier et j’aimais ça. Mais j’avais hâte de retrouver une vie normale. Concilier une nouvelle vie pro avec le foot, ici, à l’USM, c’était très bien. Surtout que le niveau est bon ! Je suis quelqu’un de très simple et je n’ai pas besoin de grand chose pour être heureux. Au club, nous sommes entourés de mecs entiers, à l’image du président Kevin (Le Gal). On discute avec tout le monde, sans se prendre la tête. C’est un club de bons vivants ! Aujourd’hui c’est vraiment l’esprit de groupe que je retiens. C’est notre force. Au delà des qualités sportives, il y a surtout des qualités humaines.
« Continuer cette merveilleuse aventure »
Un dernier mot ?
Nous allons mouiller le maillot montagnard comme à chaque match. À la fois pour l’honneur et les valeurs du club, mais aussi pour les supporters qui, je le sais, serons nombreux derrière leurs écrans pour nous encourager. On espère tous décrocher la qualification pour continuer cette merveilleuse aventure !
Propos recueillis par Pierre Martin.